En République tchèque, c’est le président Milos Zeman qui a pris la tête de la croisade contre les migrants. Devenu expert dans l’amalgame réfugiés-islam-islamistes-terroristes, le chef de l’Etat veut déployer des milliers de militaires aux frontières du pays à titre dissuasif. Donnera-t-il l’ordre de tirer sur les réfugiés comme ses prédécesseurs communistes, lui qui consacre l’essentiel de ses discours à prôner le bombardement tous azimuts des « islamistes » ?
Le premier ministre, Bohuslav Sobotka, qui s’est engagé auprès de Bruxelles à accueillir 1 700 réfugiés, entre autres sous la pression du patronat, qui a besoin de main-d’œuvre, entend « les choisir ». Si l’adjectif « chrétien » est apparu dans la bouche de certains responsables, d’autres critères économiques et sociaux seront pris en compte.
Malgré ces précautions, les manifestations contre l’accueil de migrants se multiplient à travers le pays à l’appel de divers collectifs ouvertement xénophobes. L’un d’eux, le Bloc contre l’islam, créé par un professeur de biologie d’une université de province, Martin Konvicka, est le plus présent. De quoi pousser la communauté scientifique et les intellectuels à lancer un appel contre la xénophobie, signé par plus de 2 500 personnes. Le porte-parole du président Zeman, Jiri Ovcacek, a condamné cette pétition, qui « creuse le fossé entre les élites et le peuple ».
L’ex-président europhobe Vaclav Klaus (2003-2013), dont la plupart des collaborateurs et des conseillers figurent à la tête des diverses initiatives xénophobes, a, une fois de plus, fixé les termes du débat : « Nous faisons face, avec cette déferlante de réfugiés allogènes, à la plus grande menace en Europe depuis des siècles. » « Nous n’avons aucune obligation morale d’accueillir tous les réfugiés, affirme-t-il encore, et la seule solution est que les pays européens décident de renvoyer dans leurs pays d’origine tous ces migrants jusqu’au dernier. »